
Des affrontements ont eu lieu à Tialgo (province du Boulkiemdé) et à Goundi (dans le Sanguié), le jeudi 18 mai 2017 entre des Koglwéogo venus de Koudougou et les populations de ces villages. Le bilan officiel fait état de cinq morts dont trois Kogl-wéogo, une dizaine de blessés et deux disparus.
En tournée dans la Boucle du Mouhoun le 19 mai 2017, le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, a appris qu’il y avait des affrontements entre des Kogl-wéogo et des populations dans deux villages proches de Koudougou, notamment à Goundi et Tialgo. A son retour, le lendemain, il y est passé pour tenter de calmer la situation et avoir plus de détails. A Tialgo, le premier village, on lui a présenté deux corps inertes, étendus sous des arbres, l’un couvert de pagne et l’autre avec une natte. Après s’être incliné devant les cadavres, il s’est rendu dans les deux familles endeuillées pour exprimer sa compassion et en savoir davantage sur les raisons. D’emblée, on lui a fait savoir que le bilan dans les deux villages est de cinq morts, soit trois Koglwéogo et les deux jeunes qu’il venait de voir. Des explications de Pascal Bazié, frère d’un des défunts, le vendredi 19 mai, aux environs de 22h, son frère est sorti pour se diriger vers le marché. En cours de route, il a entendu un coup de fusil et il s’est approché pour savoir ce qui se passait. C’est ainsi qu’il a aperçu un de ses camarades couché au sol et se tordant de douleur (c’est celui sur qui on a tiré). Non loin de là, il a constaté qu’un autre ami était en lutte, devant sa cour, avec un inconnu. Il s’est empressé pour lui porter secours et a été accueilli par un poignard. En ce moment, celui qu’il venait aider avait été blessé au couteau par son adversaire. D’autres personnes ont accouru et ont réussi à le neutraliser et à le luncher à mort. Deux des blessés (le fusillé et un des poignardés) ont été immédiatement transportés à l’hôpital à Koudougou et le troisième �� Ouagadougou. Ceux de Koudougou ont rendu l’âme au petit matin du 20 mai et les corps ramenés au village. Cependant, sur la raison de l’incident, Pascal Bazié a dit ne rien savoir. « Nous ne comprenons rien pour le moment. », a-t-il affirmé. Mais, selon certains témoignages, l’agresseur est un Koglwéogo pourchassé de Tialgo, à cinq Km de là, qui se serait pris, sans motif, à ses victimes. Une situation qui reste ambiguë, d’autant plus que l’affrontement à proprement parler, a eu lieu à Tialgo. Bazilou Baguira, du village de Tialgo, a essayé de donner quelques éclairages sur la source du problème en indiquant que des Koglwéogo ont fait irruption, le 18 mai, à Tialgo pour réclamer « leur dette » auprès de jeunes du village. Mais qu’à leur arrivée, ils ont tiré trois coups de feu, blessant trois personnes. Et c’est ce qui, selon lui, a révolté la population qui les a affrontés. Les Koglwéogo ont pris la fuite, toujours selon ses dires, et sont revenus plus tard avec du renfort issu de Yako, de Sabou et de Koudougou. Et, à l’entendre, c’est ce deuxième incident qui a occasionné les morts.
Les Koglwéogo sommés de libérer les détenus
De Goundi, le ministre Simon Compaoré s’est rendu à Tialgo, où il s’est entretenu avant les notables. Il les a tous rassurés que la loi sera appliquée dans toutes sa rigueur sur les responsables du problème. Ensuite, il est allé à Palgo, un quartier périphérique de Koudougou, fief des Koglwéogo à la base de l’affrontement. A sa demande, un d’entre eux, Souleymane Damiba, a expliqué ce qui s’est passé. Il a fait savoir qu’il y a quelques semaines de cela, un homme dont on a volé 25 chèvres est venu se confier à eux afin qu’ils l’aident à retrouver ses bêtes. Et, ils ont mené des recherches et ont retrouvé le voleur qui a avoué avoir vendu les animaux à quelqu’un de Tialgo. Ils y sont allés l’attraper et l’ont ramené, avec le voleur lui-même, dans leur domicile à Palgo. Le propriétaire, ne pouvant plus rentrer en possession de ses animaux, a alors réclamé 700 000 F CFA que les deux devaient s’arranger pour payer. Ces derniers ont donné leur accord, mais ont demandé trois semaines pour réunir la somme exigée. Et comme le délai était passé et ils n’étaient pas revenus, les Koglwéogo ont constitué une délégation de vingt personnes qui se s’est rendue à Tialgo, le 18 mai, pour réclamer ladite somme. « C’est comme si la population était avertie. Elle a fait appel aux forces de sécurité qui ont envoyé des éléments dans le village. Ces derniers, sous prétexte de calmer la situation, ont retiré les armes de nos hommes et sont repartis avec. Après leur départ, notre équipe a été encerclée par la foule qui a frappé et poignardé certains. Il y a eu 11 blessés parmi nous, un mort et deux disparus», a-t-il relaté. Le lendemain, vendredi 19 mai, a-t-il poursuivi, les Koglwéogo sont repartis à la recherche des deux disparus. Ils y auraient trouvé cinq véhicules des forces de sécurité et auraient voulu rebrousser chemin. « C’est à ce moment qu’ils nous ont poursuivis et attrapé sept des nôtres dont nous ignorons toujours la position. Toutes nos motos sont restées là-bas avec nos armes. », a-t-il ajouté. Mais, il se trouve qu’en réalité, les Koglwéogo aussi ont fait des captifs dont les villageois demandent la libération. Après avoir écouté toutes les versions, le ministre Simon Compaoré a sommé, sur un ton très ferme, aux Koglwéogo, de libérer immédiatement ceux qu’ils détenaient par devers eux, car ils n’en ont pas le droit. D’ailleurs, avant de quitter le lieu, il leur a donné jusqu’à 19h comme ultimatum, pour que cet ordre soit exécuté. « Tant qu’ils ne sont pas libérés, je ne rentre pas à Ouagadougou», les a-t-il avertis. Effectivement, vers 17h, pendant que nous étions à la résidence du gouverneur, nous apprenions leur libération.
Daniel ZONGO
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Boulkiemdé-Sanguié: Le gouvernement interdit les activités des groupes d’auto-défense
Depuis le jeudi 18 mai 2017, des graves incidents opposent des populations du département de Ténado dans la province du Sanguié à des membres de groupes d’auto-défense dénommés Kogl-wéogo.
A la date de ce jour 20 mai 2017, les affrontements ont causé la mort de cinq personnes et fait une dizaine de blessées.
Le gouvernement déplore les pertes en vies humaines et présente aux familles éplorées ses condoléances les plus attristées. Il souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Par ailleurs, il condamne fermement ces incidents et appelle les populations à la retenue et au respect strict de la loi.
Dans le souci de restaurer le calme et la paix, toute activité des groupes d’auto-défense Kogl-wéogo ou de toute autre dénomination d’auto-défense dans les provinces du Boulkiemdé et du Sanguié est strictement interdite jusqu’à nouvelle ordre.
Des instructions ont été données aux forces de sécurité pour assurer la protection des personnes et des biens.
Le Ministre de la Communication et des relations avec le Parlement,
Porte-parole du Gouvernement.
Sidwaya |