
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe hier 10 septembre 2015, lorsque le directeur national de la campagne électorale de l’UPC, Nathanaël Ouédraogo, qui, en marge du tirage au sort de positionnement des partis politiques sur le bulletin unique, a confirmé la rumeur qui circulait déjà sur les réseaux sociaux : un gérant de cybercafé a été interpellé par la Police pour conception frauduleuse de cartes électorales.
Pour le stratège électoral de l’UPC, près de 5000 cartes frauduleuses ainsi que le matériel du « hacker » ont déjà été saisis par le commissariat de Ouaga 2000. Le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, à l’étape actuelle des investigations qu’il a ordonnées illico, n’infirme ni ne confirme cette affaire. Mais rassure que, même si l’information s’avérait, le fichier électoral est sanctuarisé et est par conséquent inviolable.
De sources bien introduites, deux grands partis politiques seraient bel et bien commanditaires de cette production quasi industrielle de cartes frauduleuses. La justice qui a été saisie ne tardera pas, à un mois des législatives, à les épingler et à tirer les conséquences de droit qui s’imposent. Voici la réaction de Nathanaël Ouédraogo qui a porté plainte pour le compte de l’UPC, et celle du patron de la CENI.
Nathanaël Ouédraogo directeur national de la campagne électorale de l’UPC: «Deux grands partis sont commanditaires de cette action»
J’étais en train d’échanger avec le président de la CENI, parce qu’il nous est revenu qu’au niveau d’un cyber à Ouaga 2000 il y avait des conceptions frauduleuses de cartes d’électeurs. Nous avons pu vérifier l’information. Le commissariat de Ouaga 2000 a fait une descente sur les lieux et a pu interpeller le gérant qui dit avoir fabriqué près de 5 000 cartes électorales frauduleuses. Son matériel a été saisi et nous suivons de près cette affaire. Nous avons envoyé une correspondance à la CENI et nous attendons sa réponse depuis quatre jours. Il paraît que la réponse va arriver incessamment. Le gérant interpellé a parlé ; il a donné deux noms de grands partis politiques qui seraient à la base de cette conception frauduleuse à grande échelle de cartes électorales. La Gendarmerie et la police sont en train d’investiguer sur cette affaire ; comprenez que je ne puisse pas donner de noms pour le moment pour éviter des accusations sans preuve.
Me Barthélémy Kéré, Président de la CENI: «Le fichier électoral est inviolable»
Qu’en est-il exactement sur cette rumeur de conception frauduleuse de cartes d’électeurs ?
J’ai également vu sur Facebook qu’il y aurait eu un individu qui a été interpellé par le commissariat de Ouaga 2000. Bien entendu il n’y a pas plusieurs commissariats à Ouaga 2000, il n’y en a qu’un seul. Je me suis donc naturellement adressé à la Direction générale de la Police pour lui demander de procéder à des investigations et de me rendre compte. Pour la sécurisation de l’ensemble du processus, le ministère de la Sécurité a mis en place un dispositif qui est présidé par le chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, secondé par le directeur général de la Police nationale.
Je leur ai demandé de procéder aux investigations le plus rapidement possible et de me rendre compte ; de me confirmer ou d’infirmer cette information. Je rappelle que la confection de combien de cartes d’électeurs, je ne sais pas trop pour le moment, ne peut avoir aucune influence sur notre système. Confectionnez des cartes d’électeurs si vous voulez, mais vous ne pourrez pas faire en sorte que ces électeurs puissent figurer dans le fichier électoral. Pour voter, il faut bien sûr avoir sa carte d’électeur et être par ailleurs inscrit dans le fichier électoral. Mais ça nous intéresse de savoir s’il y a effectivement un faussaire qui fabrique des cartes et pourquoi les fabrique- t-il et quel est le mécanisme de fraude qu’il veut envisager. Raison pour laquelle nous avons mis en branle la Police et la Gendarmerie pour savoir si l’information est vraie et quel est le mode opératoire qui est envisagé pour que déjà nous puissions mettre fin à cette tentative.
Les éventuels commanditaires ont-ils été identifiés ?
Je ne connais pas actuellement l’identité des éventuels commanditaires, mais je dois préciser que j’ai reçu une correspondance de l’UPC qui me dit être aussi sur le terrain. J’ai aussi fait un communiqué pour rappeler qu’en plus de la CENI et de ses démembrements qui peuvent engager une action judiciaire, tous les acteurs ont aussi le droit d’engager une procédure. Les partis politiques, les indépendants et tous ceux qui sont candidats à cette élection et les citoyens qui sont inscrits sur la liste électorale. C’est dire que tout le monde peut engager une action à la Police, à la Gendarmerie et en justice pour que la vérité éclate. Mais vous savez, nous devons être également prudents car pour un processus de ce type où les enjeux sont très importants, une élection manifestement ouverte, au fur et à mesure que nous allons nous rapprocher de l’échéance, ces genres de phénomènes vont se développer en vrai comme en faux. Il faut donc que l’on demeure prudent et vigilant.
Jean Stéphane Ouédraogo
L'Observateur paalga
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