Mort Cheikh Ag Aoussa à Kidal : Accident ou assassinat, la paix est fauchée PDF Imprimer Envoyer
Écrit par L'Observateur paalga   
Lundi, 10 Octobre 2016 07:20

Voici un mort qui ne va pas servir la cause du processus de paix au Mali. Et là, pas du tout, tant l’affaire intervient au moment où les rapports entre les protagonistes de la crise restent empreints de  ce climat de méfiance et de suspicion. De retour d’une réunion tenue au bureau de la MINUSMA, le chef militaire de l’ex-rébellion touareg, Cheikh Ag Aoussa, a été mortellement touché lorsque son véhicule est passé sur une mine samedi dernier à Kidal.

Et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a vite fait de crier à « l’assassinat ciblé » et d’exiger une « enquête indépendante ».

 

Mais en réalité, les choses sont peut-être plus compliquées qu’on ne le pense.

Si, en effet, il ne faut pas balayer du revers de la main la thèse du meurtre prémédité de celui qui fut naguère un fidèle lieutenant du chef terroriste d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, on aurait tort d’écarter d’autres pistes, dans la mesure où dans ce septentrion malien, le danger est derrière chaque dune de sable.

Si cette constellation de mouvements rebelles et de Kathibas narcoterroristes a un ennemi commun, c’est-à-dire le gouvernement central de Bamako, elle est aussi minée par d’interminables et d’inextricables querelles intestines, des guerres de tribus où chacun voit midi à sa tente, le tout sur fond de rivalités pour le contrôle des nombreuses routes de trafic  qui serpentent ce no man’s land : par exemple, c’est de notoriété publique qu’entre les Ifoghas, groupe tribal auquel appartenait Cheikh Ag Aoussa, et les Imghads de l’insaisissable général Ag Gamou, la sainte horreur de l’autre est une constante transmise de génération en génération ; une inextinguible exécration dont l’origine remonte aux luttes de suprématie sur la localité avec les nombreux avantages qui vont avec.

Alors, « assassinat ciblé » pour « assassinat ciblé », si on peut tout suite penser à un acte commandité par Bamako, on pourrait tout aussi bien évoquer un règlement de comptes sanglant entre tribus ennemies où la moindre occasion, les sabres surgissent des gros boubous.

A moins que la disparition du numéro deux du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ne soit bêtement due à un effet boumerang, c’est-à-dire à l’explosion d’une de ces nombreuses mines que les différentes factions touaregs ont enfouies dans les sables.

Crime ou accident ? La commission d’enquête indépendante parviendra-t-elle à répondre exactement à cette question ?

Mais quelle que soit la réponse à venir, si tant elle vienne un jour, une chose est pour le moment certaine : c’est la paix, déjà fragile,  qui en prend un sérieux coup, à l’image du véhicule touché. Et c’est de nouveau reparti pour un bricolage du processus de paix. Comme si, à l’image de Sisyphe, les protagonistes de la crise malienne ont été condamnés à faire rouler éternellement jusqu’en haut d’une colline un rocher qui en redescend chaque fois avant de parvenir au sommet.

 

La Rédaction

L'Observateur paalga

Mise à jour le Lundi, 10 Octobre 2016 07:35
 

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