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Le  nouveau directeur de la justice militaire, le colonel Sita Sangaré, a entretenu la presse, le vendredi  16 octobre 2015 à Ouagadougou,  sur l’état d’avancement de l’instruction des affaires Thomas Sankara et du coup d’Etat manqué de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Aussitôt installé dans ses fonctions, le nouveau directeur de la justice militaire, le colonel Sita Sangaré,  s’est mis à la tâche pour conduire à terme les deux dossiers  sensibles à lui confiés, notamment les affaires Thomas Sankara  et du coup d’Etat avorté de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP).  
  
Aussi a-t-il convié la presse, le vendredi 16 octobre 2015 à Ouagadougou, pour donner quelques précisions relatives à l’instruction en cours desdits dossiers.  Face aux journalistes, le colonel Sangaré a expliqué que dans l’affaire Thomas Sankara, l’ancien président burkinabè assassiné le 15 octobre 1987,  huit personnes, dont quatre sous mandat de dépôt,  ont été inculpées. Dans la même  veine, a-t-il indiqué, vingt-cinq témoins ont  été entendus par le juge d’instruction dans le cadre de cette affaire vieille de 28 ans. Secret de l’instruction oblige,  le directeur de la justice militaire, structure habilitée à statuer sur des infractions commises par les militaires et assimilés, n’a pas pipé mot sur les identités des inculpés. 
Dans le dossier relatif au putsch raté du 17 septembre 2015 de l’ex-RSP, le colonel Sangaré a fait état de l’inculpation de vingt-trois  personnes, des  militaires et des civils.  Le  chef des putschistes, le général de brigade, Gilbert Diendéré et les  hommes politiques, Léonce Koné et Hermann Yaméogo, pour ne citer que ces noms, en font partie. Dans cette affaire récente, qui a occasionné la mort de 14 manifestants et 251 blessés,  50 personnes ont été déjà entendues au titre des témoins et parties civiles par les juges d’instruction,  a dit le  colonel  Sangaré.   Les chefs d’accusation, a-t-il dit,  varient  selon les accusés.   Ils vont de l’attentat à la sûreté de l’Etat, l’assassinat, à des crimes  contre l’humanité comme c’est le cas avec le général Diendéré,  en passant  par le recel des cadavres, le  faux en écriture et autres. A  lui seul, le chef des putschistes devra répondre de 11 chefs d’accusation. Son frère d’armes, le général de gendarmerie, Djibrill Bassolé, également  impliqué dans le coup d’Etat, en totalise six.  
Les  peines  relatives à certaines accusations, a  fait observer le directeur de la justice militaire, peuvent aller jusqu’à la peine de mort. Occasion pour lui  de rappeler  aux  défenseurs des droits de l’homme  que la peine capitale  figure toujours dans l’ordonnancement  judiciaire  et que son application reste possible.  Il a réagi au passage sur les inquiétudes soulevées par Amnesty international, organisation mondiale de défense des droits humains,  quant  à la comparution de civils impliqués dans l’affaire du coup d’Etat devant le tribunal militaire.  « Si on se réfère à l’histoire,  le tribunal militaire a déjà jugé des civils. Les coauteurs et complices des militaires justiciables des juridictions militaires sont traduits devant ces juridictions », a-t-il soutenu.   Et ce n’est pas le seul aspect sur lequel  le  colonel Sangaré  a été amené à donner des explications.  
 Au sujet du dossier Thomas  Sankara,  il s’est prononcé sur  les tests ADN en attente pour confirmer  l’identité des  treize victimes et l’implication de l’ex-chef d’Etat Blaise Compaoré et de son bras droit,  le général  Gilbert Diendéré. « Ce qui retarde les tests ADN,  c’est le fait que les corps aient été enterrés il y a 28 ans.  Ils n’ont pas été inhumés dans des cercueils et  dans des tombes d’une certaine profondeur. Sinon,  les tests ADN sont très avancés.  Si on se réfère aux témoignages des  parents des victimes,  on peut dire que ce sont les restes des personnes décédées,  mais il faut attendre les tests ADN pour l’établir juridiquement  », a-t-il   commenté  à propos des  analyses ADN.  
  
  
Le général Diendéré poursuivi pour crimes contre l’humanité 
Pour le directeur de la justice militaire,  Blaise Compaoré  n’est pas  poursuivi  dans l’affaire Thomas Sankara, idem pour le général Diendéré, mais  cela n’est pas exclu.   Le dossier du coup d’Etat manqué  a tout aussi  meublé les échanges avec la presse, avec des  interrogations à la pelle.   Des liens entre les putschistes, les jihadistes et des pays étrangers ont-ils été découverts ?  « Le juge est en train d’investiguer. Quand il aura des éléments, on en reparlera », a répliqué le colonel Sangaré. Il s’est également montré peu bavard sur la perquisition à Ouagadougou, du domicile privé du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, qu’il a du reste  confirmée. Le cas de l’épouse  du chef des putschistes,  Fatou Diendéré, a été abordé, et là-dessus,  le directeur de la justice militaire  a  fait remarquer qu’elle est poursuivie par la justice,  sans plus. A-t-elle été interpellée ? Le colonel Sangaré a botté en touche, insistant  sur la  poursuite  de  Fatou Diendéré,  alors que certaines sources  évoquent son exil  au Togo. Dans l’ensemble, le directeur de la justice militaire  a  rassuré de la poursuite de l’instruction des deux affaires, qui pourraient faire l’objet de nouvelles inculpations en fonction des éléments en possession des juges. Mais à quand la tenue des procès de ces deux affaires médiatiques ?  « C’est le dossier qui conduit le juge. On comprend l’impatience des gens, mais il faut travailler à ne pas négliger les droits de la défense. Quand le juge aura estimé que son information est terminée, on pourra en venir au procès », a conclu Sita Sangaré.  
  
Kader  Patrick KARANTAO 
Sidwaya 
  
  
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